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quitte de mes dettes et mon nom ne sera pas déshonoré. Le banquier veut avoir dans sa maison des titres de noblesse. Sa jeune fille n’est encore qu’une enfant, âgée de quatorze ans, de suite après son mariage on la renverra au couvent pour terminer son éducation, ainsi pendant plusieurs années vous serez entièrement libre de votre temps, de vos actions. » — J’hésitai, j’avais vingt ans, je ne connaissais pas la personne que l’on me destinait, tout en moi se révoltait à la pensée de contracter un mariage dans de telles conditions. J’exprimai à mon père la répugnance que j’éprouvais à me lier irrévocablement à une personne dont j’ignorais les sentiments et le caractère, élevée dans un autre milieu que le nôtre, ayant sans doute, des idées, des goûts tout à fait opposés aux miens ; mais mon père réfuta un à un mes arguments et mit une telle insistance à me supplier de lui accorder cette suprême consolation, je n’eus pas le courage de résister plus longtemps, voyant, avec douleur, à l’altération de ses traits, que la mort allait bientôt venir que de ma réponse dépendait la tranquillité de ses dernières heures, j’acquiesçai à ses désirs et consentis à m’encanailler, comme on dit.

Lorsque les formalités d’usage furent remplies, on amena la fille du banquier et nous fûmes mariés sans plus de préambules. J’avais à peine eu le temps de jeter un regard sur ma