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LES FIANCÉS DE ST-EUSTACHE

Monsieur du Vallon et mademoiselle Girardin en étaient à ce point de leur conversation.

— Mais, disait-il, je ne comprends pas bien Mademoiselle, en quoi je puis vous gâter mon héroïne en lui donnant une physionomie d’une douceur angélique.

— Ah ! c’est comme cela, monsieur, lorsque j’entends dire de quelqu’un qu’il ou qu’elle a une figure douce, je ne puis me défendre de penser qu’elle est traître comme un gant de soie.

— Vous m’étonnez davantage, expliquez-moi comment un objet paraissant si inoffensif peut être si perfide.

— C’est juste. Vous autres hommes vous ne comprenez rien à la toilette d’une femme, vous ne savez pas que le plus petit objet, constituant l’ensemble de son costume, peut être la cause de grands malheurs, même parfois briser toute une existence. Voyez la similitude entre une figure angélique et un gant de soie, la première a un attrait, un charme qui vous attire, vous séduit au premier coup d’œil, parce que la régularité des traits constitue cette douceur répandue sur la physionomie. Vous croyez que le caractère répond à la perfection du visage, puis patatras, à la moindre contrariété, vous vous apercevez, avec désappointement, que votre doux ange n’est simplement qu’un vilain petit démon, sans sentiments, violente, sans