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LES FIANCÉS DE ST-EUSTACHE

fortune, une halle le blesse sérieusement, il tombe de cheval, ses hommes l’emportent dans leurs bras, en retraitant derrière la grange où se trouve le reste de leurs camarades. À cet instant ils sont attaqués avec un redoublement de fureur. Ce sont les patriotes de Saint-Antoine, de Saint-Ours, de Contrecoeur qui, au nombre de cent, arrivent au secours de leurs frères.

Ce renfort ranime l’ardeur des Saint-Denisiens, on se jette avec ardeur sur l’ennemi. Attaquées de tous côtés, épuisées, les troupes anglaises battent en retraite ; les patriotes les poursuivent, leur enlève leur canon, font huit prisonniers, puis reviennent en triomphe à Saint-Denis, escortés des acclamations enthousiastes de la population.

Les cœurs des Canadiens-français battaient de joie, le premier combat livré à l’ennemi était une victoire. À vol d’oiseau la bonne nouvelle se répandit des rives du Richelieu à celles du Saint-Laurent, venant augmenter l’ardeur des patriotes à défendre leurs droits. Les poitrines se soulevaient d’un sentiment de juste orgueil, on était fier d’un tel triomphe, le début de l’insurrection s’annonçait bien. L’espérance dans l’âme, chacun rentra chez soi ce soir-là.


XVII


Il était là, étendu en traîne sauvage sur sa chaise, la face congestionnée, la chevelure en