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LES FIANCÉS DE ST-EUSTACHE

prisonnier on le conduisit devant le Dr Nelson. Sa manière évasive de répondre persuada le docteur que l’armée le suivait. Alors on sonna l’alarme, le peuple canadien accourut.

On plaça une centaine d’hommes au deuxième étage d’une grosse maison de pierre située sur le chemin du roi où les troupes devaient passer, une trentaine dans la distillerie du Dr Nelson, tout auprès de ce fort improvisé, puis une dizaine dans un magasin : ceux qui n’avaient pas de fusils se mirent à l’abri des murs de l’église, d’où il leur serait facile de se jeter sur l’ennemi avec leurs faux et leurs fourches.

Le colonel Gore qui avait appris, par deux prisonniers français, qu’on ne le laisserait pas passer, s’était indigné de tant d’audace de la part de paysans, il ordonna à ses troupes, après les avoir chaleureusement haranguées, de marcher en avant, sans leur donner le temps de se reposer.

— Nous allons, dit-il, prouver une fois de plus à cette race, la valeur du soldat anglais.

Il divisa ses hommes en trois détachements, dirigea la première colonne vers un bois situé à l’est du village, la seconde au bord de la rivière, puis la troisième, munie d’un canon, continua sa marche sur le chemin royal, afin d’assiéger la maison de madame St-Germain, où se trouvaient les cent canadiens barricadés.