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le secret de la marquise

bas du visage différait de tout en tout ; chez Madame de Montreuil c’était parfait, tandis que Louise avait une irrégularité de traits qui rendait sa physionomie piquante, même un peu railleuse. Un physionomiste eut été intrigué de rencontrer tant de contradiction sur ce jeune visage. Ainsi les yeux exprimaient la tendresse, la mélancolie, et la bouche dans l’expression n’avait que gaîté, absence complète de rêverie, puis le nez petit, un peu à la Roxelane, disait aussi assez toute l’indépendance de son caractère ; mais on se sentait tout-à-fait dérouté en regardant les yeux, le front, la tête, dont toutes les lignes dénotaient une âme vraiment poétique, susceptible aux moindres émotions. Louise avec tout cela était une femme charmante. C’était bien ce que pensait aussi Hector, qui, assis sur un petit tabouret à ses pieds, n’oubliait pas, tout en jetant de temps en temps un regard d’inquiétude vers sa mère, qu’il aimait beaucoup sa cousine, qu’il serait bien heureux le jour où il pourrait la nommer sa femme.

En effet, ils semblaient nés l’un pour l’autre, chez Louise c’était un teint de rose avec une gracilité d’enfant, tandis qu’Hector possédait cette haute stature, cette démarche virile qui font l’admiration de toutes les femmes. Sa chevelure noire tombait en boucles épaisses, un peu ondulées, sur son front blanc et pâle, des yeux bleus, aux regards profonds, un nez aquilin, une bouche fine, accusant comme chez sa mère beaucoup de sensibilité, des extrémités petites, dénotant toute la distinction de sa race, une tournure d’une élégance irréprochable, tel était le jeune homme que Louise dans le fond de son âme trouvait incom-