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un homme d’honneur

éprouver une douce sensation de soulagement après l’accablement intense causé par la chaleur du jour qui s’éteignait : tout semblait respirer la joie, le bonheur de vivre. Paul se disait tristement :

— Mais, eux, sont-ils heureux ? Est-ce au chevet d’une mourante que me conduit ce docteur ?

Enfin, on fit halte devant une maisonnette basse dont les deux fenêtres et la porte d’entrée demeuraient grandes ouvertes. Il faisait si beau au dehors et en plongeant les regards dans cet extérieur, on eût dit qu’il pleuvait, tant le dénûment de la pièce avait quelque chose d’angoissant, le soleil semblait s’arrêter au seuil de la demeure : le charme de cette belle saison finissait aux dernières marches du perron.

Dans cette chambre sans tapis dont le mobilier se composait d’une simple table, d’un lit, de deux chaises, se trouvaient réunies trois personnes. Sur cette couche, une femme d’une maigreur diaphane, au teint cadavérique, reposait d’un sommeil nerveux, agité ; près d’elle une fillette de quatorze ans et un jeune homme de dix-sept causaient à voix basse en jetant de temps en temps des regards d’angoisse sur leur mère.

— Oh ! disait la petite fille en se serrant plus étroitement sur son frère, elle ne va pas mieux, j’ai peur, j’ai peur, Marcel, qu’elle ne meure.

Cachant sa tête sur l’épaule de l’adolescent elle étouffe ses sanglots ; lui, la soutenant, lui murmure bien bas :

— Ne pleure pas, je t’en prie, elle sera mieux demain. Le docteur nous l’a dit, si elle pouvait ne pas tant s’inquiéter elle reviendrait plus vite à la santé. Je lui dirai, lorsqu’elle s’éveillera, que