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un homme d’honneur

modements, on accepte pour un vil métal de faire triompher son client, lors même que ce client est un scélérat, et la conscience est en règle. Notre barbarie va plus loin, on égorge son frère sur le champ de bataille, pour une raison puérile, l’univers entier célèbre nos gloires ; l’on ne voit rien là d’inhumain, de féroce et l’on exalte bien haut le Dieu des armées. Y a-t-il un tel Dieu ? N’est-il pas né plutôt dans le cerveau en feu des nations ! Viendra-t-il un temps où, enfin assagi, l’homme comprenant toute sa cruauté, regardera avec raison comme un duel national la guerre, véritable homicide, tranchant les vies par milliers, tandis que le duel condamné de nos jours, n’atteint que deux victimes ? Si dans les siècles futurs on flétrit nos guerres meurtrières comme un manque de civilisation, alors seulement le fils d’Adam aura le droit de se trouver supérieur à toi, mon brave Jupiter. Ah ! tu me regardes, tu me comprends. Je suis sûr qu’il y a une infinité de théories beaucoup plus sages que les nôtres dans ta fine tête de chien. D’où viens-tu ? As-tu évolué du protoplasme, substance si minime dont le perfectionnement ascentionnel a produit ton être, à l’instinct plus parfait, plus sensible que celui du roi de la nature ; car tu retrouves, toi, à la piste, celui que tu cherches, tandis que nous, avec toute notre science, nous poursuivons vainement celui qui nous échappe. Ton flair est le fil d’Ariane te faisant parcourir le labyrinthe, te conduisant au but ; tu arrives où l’homme échoue. Oui, tu dois avoir une âme. Peut-être as-tu vécu jadis dans une de ces innombrables planètes, perdues depuis longtemps dans la voûte étoilée, où tu as appris une infinité de choses fort intéressantes. Si