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le secret de la marquise

— Hector, la femme qui oublie son devoir doit tôt ou tard expier ses torts ; Dieu l’a voulu ainsi. Mon expiation est dans la confession entière qu’il faut que je te fasse aujourd’hui ! Ah ! Hector, que la punition est terrible, que les angoisses que j’ai éprouvées depuis quelque temps sont grandes ! Comprends-tu, mon enfant chéri, le désespoir de mon âme ? Cette faute que j’ai commise, cette faute, c’est vous qu’elle atteint, mes enfants bien-aimés, c’est Louise, c’est toi qui devez en souffrir les conséquences.

La marquise était dans un état de surexcitation pénible à voir, elle parcourait la chambre à grands pas, elle n’avait pas une larme dans le regard, mais il y a de ces douleurs aiguës qui n’ont même pas le soulagement des pleurs, ses yeux étaient égarés, elle répétait d’une voix entrecoupée :

— Oh ! mes pauvres enfants, c’est moi qui aurai fait le malheur de votre vie, vous me détesterez, vous me maudirez lorsque vous saurez tout.

— Calmez-vous, ma mère lui dit Hector, en la forçant à s’asseoir. Qu’avez-vous à redouter de nous, si la destinée nous frappe de ses coups, nous saurons souffrir avec vous, vous aimer, vous bénir toujours. »

La marquise leva sur son fils ses yeux remplis de reconnaissance.

— Mais, dit-elle, mon pauvre Hector, tu ne sais pas ce que j’ai encore à t’apprendre, auras-tu le courage de l’entendre ?

— Oui, ma mère, dit-il un peu effrayé de l’état de la marquise, mais ne me dites plus rien aujourd’hui, vous vous faites trop de mal, remettez à un autre jour. »