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le secret de la marquise

s’élancait de mon côté ; ses yeux étaient flamboyants, sa bouche écumante, l’animal était atteint de la rage. J’allais devenir sa victime. Eperdue, je poussai des cris de terreur, la bête affolée saisissait déjà le bord de ma robe lorsqu’une détonation retentit, le chien tomba frappé d’un coup mortel. La balle avait touché le cœur.

Je tombai sur le sol presque privée de sentiment. Au même instant, un jeune homme déboucha de l’épaisseur du bois, son fusil encore fumant à la main. Il s’élança vers moi :

— J’espère, mademoiselle, me dit-il, que vous n’êtes pas blessée. Suis-je arrivé trop tard, l’animal vous a-t-il mordue ?

— Non, monsieur, mais comment pourrai-je assez vous remercier ; sans vous une mort affreuse m’attendait. »

Je levai sur lui mes regards remplis de reconnaissance. Oh ! combien je fus charmée de toute sa personne. Il était beau, Hector, beau comme tu l’es aujourd’hui, dans son regard il y avait tant de bonté que je me sentis de suite attirée vers lui. Il me parla avec un intérêt inconnu pour moi jusqu’alors dès ce moment, je compris que je lui avais donné toute mon âme.

« Nous nous revîmes souvent, mais jamais au château. Il était un de Montreuil ! Ce n’était qu’en tremblant d’être surprise que je le rejoignais dans la campagne ; cependant le charme de ces entrevues me faisait vite oublier mes craintes. J’étais si heureuse près de lui, à mes propres yeux j’étais devenue quelque chose, jaimais, j’étais aimée, la vie avait désormais un but. Mes jours étaient remplis, un être cher comptait tous les battements de mon cœur. Chaque matin, il