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le secret de la marquise

— Asseyez-vous là près de moi, mon enfant, dit la marquise en lui désignant un petit tabouret à ses pieds, tout près, comme lorsque vous étiez petit garçon, que je vous berçais sur mes genoux. »

Le jeune homme obéit. Alors la marquise lui prenant la tête entre ses deux mains, le baisa au front avec une grande tendresse. « Hector, lui demanda-t-elle, avez-vous du courage ? »

« Je le crois, ma mère. »

« Eh bien ! écoutez-moi ; mon fils, j’ai une histoire bien pénible à vous apprendre. J’aurais dû avant aujourdhui vous prévenir ; mais les forces m’ont manqué. Avant de commencer le récit de ma vie j’ai besoin de vous entendre dire que vous me pardonnez les torts que j’ai eus envers vous, sans cela je ne pourrais jamais vous avouer le terrible secret qui depuis quelques années m’a causé tant d’angoisses. »

— Ma mère chérie, qu’avez-vous besoin de mon pardon, vous qui avez toujours été pour moi ]a mère la plus affectionnée, la plus dévouée ? recevez donc l’assurance que quelle que soit la confidence que vous avez à me faire, mon cœur ne pourra jamais cesser de vous aimer. Et si vous avez eu des malheurs, je m’efforcerai par ma tendresse de vous les faire oublier. Bien souvent déjà, sans vous en avoir jamais parlé, j’ai compris que mon amour pour Louise vous affligeait, c’est moi qui doit vous demander pardon de vous en avoir fait un secret. Dites, ma mère, l’histoire que vous avez à me raconter a-t-elle rapport à cette enfant ?

Des larmes brûlantes coulaient le long des joues amaigries de la marquise.