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le secret de la marquise

le même toit pour nous traiter en véritables étrangers ? Non, il ne doit pas en être ainsi ; je suis celui à qui vous devez parler le plus franchement au monde, je suis votre protecteur.

Il allait ajouter plus, mais il se tut. Louise aurait voulu répondre, mais ses lèvres refusaient de prononcer aucune parole. Cependant malgré elle sa tête s’appuya sur l’épaule de son cousin et elle continua de pleurer.

Oh ! combien était douce pour lui la pression de cette tête charmante, il n’osait plus lui demander de parler de peur qu’elle ne la releva. Il sentait bien d’ailleurs que cette femme l’aimait, que, malgré les événements, ils devaient être un jour unis. Il n’avait pas besoin de le lui entendre dire pour savoir qu’il avait son amour. Mais elle, elle ne le savait pas. Là, à ses côtés, les mains dans ses mains, sous l’empire de cette attraction que l’on éprouve près de l’être aimé, l’âme déchirée par la pensée qu’il n’éprouvait pour elle qu’une affection de frère, elle aurait voulu mourir à cet instant.

— Ah ! dit-elle, Hector, vous me demandez pourquoi je pleure ? Je pleure parce que Marie est bien malade, parce qu’elle va bientôt mourir ; je voudrais pouvoir lui donner ma vie pour sauver la sienne.

— Louise, si la pauvre Marie vous entendait, elle n’accepterait pas votre sacrifice, vous êtes trop jeune pour parler comme vous le faites de la mort, vous avez encore devant vous toute une longue existence de bonheur. La vie vous est donc bien à charge ? Qui peut vous en dégoûter à ce point, dites, est-ce que l’on ne vous rend pas heureuse au château ? Ma mère a pour vous une