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le secret de la marquise

La chère enfant a été pour moi telle qu’une fille dévouée, elle m’a fait beaucoup de bien. »

— Peut-être, fit la jeune fille en s’approchant, mais ce soir, ma pauvre Marie, vous vous êtes fait du mal en venant ainsi à pied de si loin par cette humidité. Venez vite vous reposer à la maison, vous ne retournerez pas chez vous. N’est-ce pas, ma tante, qu’elle va coucher ici ? »

— Certainement, il ne faut pas qu’elle quitte le château. Je veux que Marie reste avec nous quelques jours, le changement lui fera du bien. »

Louise serra la main de sa tante avec reconnaissance.

— Merci, dit-elle, vous me faites plaisir, je suis si chagrine de la voir malade. »

Marie avait été la nourrice de Louise et la sœur de lait de la marquise. Élevée au château du père de cette dernière, elle avait pour toute la famille un attachement bien grand, qu’on lui rendait. Veuve depuis longtemps, elle demeurait au village, à deux milles du château, dans une petite maisonnette, vivant d’une rente bien modeste que lui avait laissée son mari. Atteinte depuis quelques mois de phthisie, elle semblait dépérir à vue d’œil ; depuis sa maladie, l’absence de la marquise et de son fils était une raison continuelle dd regrets pour elle. Bien souvent elle avait demandé à Louise avec anxiété :

— Croyez-vous qu’ils reviendront avant ma mort. Oh ! il faut que je revoie Madame de Montreuil avant de quitter ce monde… »

La jeune fille lui disait qu’elle s’effrayait à tort, elle était bien malade, mais la belle saison la ramènerait à la santé.

Marie alors embrassait Louise, avec une ten-