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le secret de la marquise

rage de refouler au fond de son âme cet aveu qui brûlait ses lèvres. Depuis deux ans qu’il rêvait à cette femme, à ce retour qui dans sa pensée devait amener l’échange de leurs sentiments ; la voir près de lui, avoir senti dans ce baiser reçu qu’elle aussi soupirait après cette heure, et se trouver condamné à garder le silence, je le répète, il fallait à Hector une force d’âme tout à fait étrangère d’ordinaire chez un jeune homme de son âge.

Madame de Montreuil, devinant tout ce qui se passait en lui, l’attira sur sa poitrine, prenant la main de Louise en même temps. « Ah ! mes pauvres enfants, leur dit-elle, que je voudrais vous voir parfaitement heureux et pour cela combien avec joie je donnerais ma vie !

— Mais nous sommes parfaitement heureux, répondit la jeune fille, ne comprenant rien au chagrin de sa tante, que pouvons-nous désirer de plus ? nous retrouver tous réunis aujourd’hui, pour moi, depuis longtemps je n’ai eu tant de bonheur. Seulement, ma tante chérie, votre tristesse me fait mal, laissez-moi vous préparer quelque chose afin de réparer vos forces, car vous êtes malade, que voulez-vous prendre ?

— Tout ce que tu voudras, ma petite, » répondit la marquise, s’efforçant de sourire.

Louise disparut et revint bientôt, portant un verre d’eau de fleur d’oranger. Hector la regardait s’avancer.

La jeune fille avait grandi depuis son départ, à la brusquerie de ses manières un peu enfantines d’autrefois avait succédé cet atticisme séduisant qui attire, cette grâce toute féminine de la femme. Sa démarche était ondulée, dans toute sa per-