Page:Bibaud - Le secret de la marquise, Un homme d'honneur, 1906.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
le secret de la marquise

que vous revenez chez vous, au milieu de ceux qui vous attendent avec tant d’impatience. Ah ! vous me faites de la peine. »

« Non, non, Louise, ne t’afflige pas si vite, je suis nerveuse, voilà tout. »

En voyant la pâleur subite de la marquise, un nuage de tristesse passa sur le front d’Hector, venant assombrir la joie immense qu’il avait ressentie en revoyant sa cousine, il se disait : C’est moi qui lui ai causé ce chagrin involontaire. Comme il adorait sa mère, il en éprouvait presque du remords. Pauvre jeune homme pourtant, il était bien innocent, était-ce sa faute à lui si la nature lui avait donné un cœur, et une cousine trop séduisante ; cependant une âme sensible s’émeut vite à la pensée qu’elle peut avoir été la cause, même involontaire, de la douleur de ceux qui lui sont chers. En voyant couler les larmes de la marquise, navré il s’approcha d’elle. « Laissez, dit-il à sa cousine, c’est moi qui vais aider ma mère à monter.  » La soulevant dans ses bras, il la monta ainsi tout le long pérystile, ne s’arrêta qu’après l’avoir déposée au salon dans un large fauteuil. « Reposez-vous ici, ma mère, murmura-t-il bien bas, ne pleurez plus, rappelez-vous que votre fils vous aime trop pour vous causer le moindre chagrin. » La marquise leva sur lui des yeux remplis d’une telle reconnaissance, qu’il se sentit récompensé de son sacrifice.

Car en parlant comme il venait de le faire, c’était presque dire à sa mère : Vous ne voulez pas que j’ouvre mon cœur à Louise, eh bien, pour vous je me tairai !

Ah ! combien devait être grande l’affection qu’il portait à sa mère pour lui donner le cou-