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le secret de la marquise

nom, le charme de sa personne faisaient certainement du jeune marquis le lion de toutes les réunions. Madame de Montreuil espérait secrètement qu’un jour Hector viendrait lui avouer qu’il aimait une de ces belles italiennes qui font l’admiration des étrangers ; mais elle se trompait, le jeune homme demeurait indifférent. Souvent après ces soirées, où il avait surpris plus d’un regard d’amour à son adresse, il devenait rêveur, rentrait chez lui plus pensif, un souvenir cher revenait à son cœur. Louise lui apparaissait avec sa franchise que le monde n’avait pas changée toute sa naïveté d’enfant, son indépendance de caractère. Combien pour lui elle était mille fois plus attrayante que ces étoiles de la société. Ce qu’il ignorait à son départ l’absence le lui révéla. Il aimait, aimait de toute son âme sa cousine.

Cependant un instinct secret lui disait que sa mère s’opposerait à son union, s’il lui avouait son amour pour Louise. En fils affectueux et dévoué, il n’osait lui parler de ses sentiments de peur de la blesser. Pourquoi ? il n’aurait pu le dire ; la marquise avait pour sa nièce une tendresse toute maternelle, que lui importait donc alors qu’elle devint véritablement sa fille. C’était un mystère qu’il cherchait vainement à approfondir. Il savait que nul intérêt mesquin ne faisait agir sa mère ; elle était trop noble pour cela et lorsqu’il s’agirait du bonheur de son fils, si de graves raisons ne la guidaient, elle ne s’opposerait pas à ses désirs.

Mais pourquoi s’attristait-elle lorsqu’il lui parlait de Louise, pourquoi ces larmes qu’il avait vu couler lorsqu’avec tendresse il avait prononcé le nom de la jeune fille ? Hector n’a-