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ercice de leur culte, la conservation de leurs lois et de leurs usages, on recevait de France des nouvelles bien capables de porter le découragement dans tous les esprits : on apprenait, non seulement que les secours attendus n’arriveraient point, parce que le peu de vaisseaux qui restaient à la France étaient bloqués dans ses ports, mais encore que les lettres de change tirées, l’année précédente, sur la trésorerie, n’avaient pas été payées, et que le pouvoir de l’intendant d’en tirer de nouvelles était suspendu. Le systême financier de M. Bigot était devenu, depuis longtemps, l’objet de l’animadversion publique, et la cour de France avait fait passer M. de Tremes en Canada, pour prendre des informations sur le sujet. Ce commissaire, homme de talent et de pénétration, découvrit bientôt les frauduleuses manœuvres d’une partie des officiers civils, et la coupable connivence de l’intendant. D’après le compte qu’il rendit, il fut décidé qu’il ne serait plus fait de paiemens avant la plus mûre considération. Mais comme il était nécessaire que le crédit du papier-monnaie se soutînt en Canada, tant que les troupes du roi y demeureraient, le gouverneur et l’intendant eurent ordre de faire connaître aux habitans les arrangemens qui avaient été pris concernant les lettres de change et les ordonnances. Conformément à leurs instructions, ils adressèrent, conjointement, aux habitans du Canada une circulaire, portant,

« Qu’ils venaient de recevoir une lettre du ministre des colonies, par laquelle il leur était ordonné de faire connaître que les évènemens qui avaient en lieu mettaient sa majesté dans la nécessité de suspendre le paiement des lettres de change tirées sur la trésorerie ; que celles qui avaient été tirées en 1757 et 1758 seraient