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Cet endroit était faible de sa nature ; mais les Français l’avaient étayé d’un bon parapet, fortifié par des canons, dont le feu se soutenait, et par des pierriers d’un gros calibre. Derrière ce rampart étaient 2,000 bons soldats et quelques Sauvages. En avant, il y avait un abattis d’arbres si serré, qu’on eût eu bien de la peine à y passer, quand même il n’aurait pas été défendu. Cette espèce de palissade, qui cachait tous les préparatifs de défense, ne paraissait, dans l’éloignement, qu’une plaine verdoyante.

C’était le salut de la colonie, si l’on eût laissé à l’assaillant le temps d’achever son débarquement, et de s’avancer, dans la confiance de ne trouver que peu d’obstacles à forcer. Alors, accablé, tout-à-coup, par le feu de l’artillerie et de la mousqueterie, il eût infailliblement péri sur le rivage, ou dans la précipitation du rembarquement. Cette perte inopinée aurait pu rompre le fil de tous ses projets : mais l’impétuosité française fit échouer toutes les précautions de la prudence : à peine les Anglais eurent fait quelques mouvemens, pour s’approcher du rivage, qu’on se hâta de découvrir le piège où ils devaient être pris. Au feu brusque et précipité qu’on fit sur leurs chaloupes, et plus encore à l’empressement qu’on eut de déranger les branches d’arbres qui masquaient les forces qu’on avait tant d’intérêt à cacher, ils devinèrent le péril où ils allaient se jeter. Dès ce moment, revenant sur leurs pas, ils ne virent plus d’endroit pour descendre, qu’un seul rocher, qui même avait paru jusqu’alors inaccessible. Le brigadier Wolfe, quoique fortement occupé du soin de faire rembarquer ses troupes, fit signe au major Scott de s’y rendre,