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subsistance des villes. M.  Bigot fit l’estimation de la quantité requise, et en fixa le prix à un taux beaucoup plus bas que celui de la compagnie. Aussitôt, le sieur Cadet, commis aux vivres, et ses employés se mirent à parcourir les paroisses de la campagne, pour contraindre les cultivateurs à leur vendre leur bled, au bas prix fixé par l’intendant ; et ceux qui ne le voulurent pas faire le perdirent ; car il fut saisi et enlevé, sans paiement ni rémunération quelconque. Quelques uns se plaignirent des procédés de Cadet à M.  Bigot ; mais celui-ci les renvoyait à quelqu’un des associés, qui, ligué avec les autres, menaçait les plaignants de la prison, s’ils ne cessaient de murmurer. Ce manège se continua, les années suivantes.

Cependant, M.  de Vaudreuil ne restait pas inactif, dans la capitale : ayant appris que les Anglais avaient construit un nombre de petits forts, sur la route d’Oswego, afin de couper la communication entre le lac Ontario et les postes français situés au-dessus, il forma un parti d’environ trois cent-cinquante hommes, qu’il mit sous le commandement de M.  de Lery, fils du célèbre ingénieur de ce nom. Ce détachement partit de Montréal, le 17 mars 1756, et après avoir traversé un immense désert, et enduré de grandes fatigues, il arriva à la vue d’un fort en pieux debout, où était posté un lieutenant, avec vingt-cinq hommes. M.  de Lery fit sommer cet officier de se rendre : sur son refus, le fort fut attaqué avec vigueur, et emporté de vive force. La plus grande partie de ceux qui le défendaient furent massacrés par les Sauvages, malgré les efforts de M.  de Lery et des Français, pour les sauver.

Cette expédition fut suivie d’une autre, sous M.  de