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Par l’édit de 1716, il était expressément défendu à tout habitant du Canada de commercer avec les Sauvages, sans une permission écrite du gouverneur général : M. de la Jonquière sut faire tourner cet édit à son avantage, ou plutôt, il en abusa d’une manière tout-à-fait odieuse. Outre qu’il se faisait payer une forte somme d’argent pour les permissions, ou congés, qu’il donnait à des particuliers, pour aller vendre des marchandises aux Sauvages, il accorda à M. Saint-Sauveur, son secrétaire, la vente exclusive des eaux-de-vie à ces peuples, moyennant une part considérable dans les profits. Il fit aussi venir de France plusieurs de ses neveux, dans le but de les enrichir par le commerce, ou autrement, et entr’autres, M. Taffanel, curé de campagne en France, et le capitaine de Bonne de Miselle. N’ayant pu obtenir pour ce dernier le grade d’adjudant général, il résolut de l’avancer d’une autre manière : il lui concéda une seigneurie, et lui accorda le privilège exclusif du commerce avec les Sauvages, au Sault de Sainte-Marie.

Ce népotisme mit le comble au mécontentement qui régnait déjà, depuis longtemps, dans la colonie, contre M. de la Jonquière : on fit parvenir en France des plaintes nombreuses contre son administration ; et prévoyant, sans doute, qu’il ne tarderait pas à être rappelé, il demanda lui-même son rappel ; mais il mourut, à Québec, le 17 mai 1752.

Charles Lemoyne, baron de Longueil, alors gouverneur de Montréal, étant le plus ancien officier de la colonie, prit les rênes de l’administration, en attendant l’arrivée du successeur du marquis de la Jonquière.