Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.

domination si haute et si dure, quand, une fois, ils s’y seraient soumis ; ce qui ne manquerait pas d’arriver prochainement, s’ils laissaient échapper l’occasion qu’ils avaient entre les mains de se reconcilier, d’une manière durable, avec Ononthio. M. Joncaire ajouta que les Anglais, en s’opposant à cette réconciliation, ne pouvaient avoir d’autre vue que de laisser les Iroquois se consumer, peu à peu, par la guerre, ou du moins s’affaiblir de manière à n’être plus en état de refuser de subir un joug dont ils reconnaîtraient peut-être trop tard la pesanteur.

Un conseil général de toute la nation iroquoise fut assemblé à Onnontagué : l’envoyé anglais y fut admis, et Teganissorens y parla, au nom de tous les cantons. Il adressa d’abord la parole aux députés français, et commença par les assurer que toute la nation était disposée à écouter la voix de son père, c’est-à-dire, à lui obéir. Il ajouta que chacun des cantons allait lui envoyer des députés, pour savoir ses volontés. Puis, se tournant vers l’Anglais : « Je ne fais rien en cachette, lui dit-il ; je suis bien aise que tu connaisses la disposition où je suis. Tu diras à mon frère Corlar, qui t’a envoyé ici, que je vais descendre à Québec, pour me rendre à l’invitation de mon père Ononthio, qui a planté l’arbre de la paix : j’irai ensuite à Orange, pour savoir ce que mon frère me veut. » En achevant ces mots, il mit cinq colliers aux pieds des députés français. Le P. Bruyas les releva, pour signifier qu’il les acceptait, au nom d’Ononthio.

Rien n’arrêtant plus les envoyés français à Onnontagué, ils en repartirent, accompagnés des députés de ce canton et de celui de Goyogouin. Ils furent re-