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Peu content d’avoir vu échouer tous les projets des Anglais et des Iroquois contre le Canada, M. de Frontenac voulut porter la guerre chez ces derniers. Cinq ou six cents hommes eurent ordre d’entrer dans le canton d’Agnier, et en prirent la route ; mais le mauvais état des chemins joint, peut-être, à d’autres inconvéniens, les contraignit de s’en revenir, sans avoir rien fait.

On se consola de ce contre-temps par la nouvelle que le chevalier de Villebon, fils du baron de Bekancour, et frère de MM. de Manneval et de Portneuf, nommé gouverneur de l’Acadie, était entré au Port-Royal, et avait repris possession du pays pour la France.

Malgré les pertes que les Iroquois éprouvaient, de temps à autre, ils ne cessaient pas de continuer leur petite guerre et de tenir la colonie en alarme. Les voyages aux contrées du Nord et de l’Ouest étaient surtout devenus d’une extrême difficulté ; il fallait aux voyageurs de fortes escortes, et souvent ces escortes elles-mêmes devenaient, en tout ou en partie, la proie de l’ennemi. Il ne se passait guère de mois sans que la colonie eût à regretter un ou plusieurs de ses officiers, ou de ses hommes marquants.

Au commencement de février 1692, le chevalier de Callières reçut ordre du comte de Frontenac de lever un parti, et de l’envoyer dans la presqu’île formée par la rencontre du fleuve Saint-Laurent et de la grande rivière des Outaouais, où les Iroquois avaient coutume de venir chasser, pendant l’hiver, et où le gouverneur était informé qu’ils étaient en grand nombre. M. de Callières assembla trois cents hommes, partie Français et partie Sauvages, et les mit sous la conduite de M. de Beaucourt, capitaine réformé.