Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/487

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celle qui faisait dire, quelque temps auparavant, à un de nos écrivains : « Je tremble, quand je pense aux malheurs effroyables qui fondraient sur notre patrie, si le peuple venait à écouter les cris forcenés de l’agitation, du mouvement. Et où voulez-vous aller ? Où voulez-vous mener vos concitoyens ? Dans un précipice qui engloutira nos libertés et notre bonheur pour toujours. Vous nous recommandez de lire l’histoire des États-Unis : y a-t-il la moindre analogie entre la position et les ressources de ces colonies et les nôtres ? En sommes-nous rendus au point où le malheur et l’excès de souffrances doivent pousser au désespoir ? Y a-t-il assez d’espoir de réussir pour compenser la crainte des maux qu’entraînerait un revers ? D’ailleurs, malgré toute la bravoure de notre nation, qui osera répondre qu’il surgira un Washington du milieu de nos orateurs ? Si nous avons besoin de secours, de quel côté un autre Lafayette abordera-t-il avec ses bataillons ? Cessez d’attiser un incendie qui vous consumerait infailliblement. »

Peut-être, néanmoins, était-ce prématurément qu’un de nos journalistes disait, le 18 août, jour de l’ouverture du parlement provincial :

« Le véritable bienfait que les citoyens doivent attendre d’un gouvernement paternel est la suppression des doctrines qui peuvent pervertir le peuple ; et c’est ce bienfait que nous réclamons avec instance, parceque nous prévoyons que l’usage de la force, aujourd’hui, serait moins fatale à nos concitoyens qu’elle ne le deviendra plus tard. Il n’y aurait maintenant qu’un chef et quelques adhérens à punir : dans quelques mois, il peut y avoir à sacrifier des centaines d’hommes, qui, malheureusement, auront été séduits, entraînés ou précipités dans une démonstration hostile.