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commission royale une contradiction essentielle et majeure, une agression contre la chambre, et la destruction du gouvernement représentatif, au moyen de la spoliation violente des deniers du peuple,… tandis qu’il eût été du devoir de cette commission et de la métropole de reconstituer la seconde branche de la législature coloniale, au moyen du principe d’élection, de révoquer les lois et privilèges indûment obtenus, etc.

Ils voient dans les résolutions de lord Russell, d’un côté, le refus formel, en totalité, des réformes et améliorations demandées par la chambre et par le peuple, et de l’autre, un abus des forces du parlement pour détruire violemment les lois et la constitution de cette province, pour violer des pactes les plus sacrés et les plus solennels,[1] et asseoir sur les débris de leurs libertés, la corruption, l’intrigue, la dilapidation du revenu, l’accaparement des meilleures ressources du pays par les fonctionnaires coloniaux… la domination et l’ascendance pour le petit nombre, et l’oppression et la servitude pour la masse des habitans de la province.[2]

  1. Quand ces pactes solennels et sacrés furent formés, il y avait, sans doute, égalité de puissance et de dignité entre les parties contractantes mais la teneur de cette adresse ferait croire que les choses avaient changé, et que notre chambre d’assemblée, ou le peuple qu’elle prétendait représenter, avait pris le dessus.
  2. Pour décider de la bonté d’un gouvernement, il faut considérer le peuple qui y obéit… Si l’on voit un peuple heureux, alors il est libre ; alors son gouvernement est digne d’admiration. Fixez vos regards sur le peuple et sur la contrée qu’il habite : Si les campagnes sont florissantes et les champs cultivés ; si la joie règne dans les fêtes champêtres ; si dans les villes le peuple travaille et chante au milieu de ses travaux ; s’il aime son gouvernement ; s’il respecte ses pontifes et ses magistrats ; si les mains publiques sont pures ; si les citoyens sont unis par les liens de la paix et de la confiance ; alors bénissez cette heureuse nation, et n’allez pas discuter la forme du gouvernement qui la régit : croyez qu’elle a de bonnes lois, de sages institutions, et que le bonheur dont elle jouit assure sa liberté. — M. —