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tarda pas à être prouvée par les injures, les déboires et les avaries qu’eurent à essuyer, de la part des agitateurs, un grand nombre de curés de campagne. Mais si alors, la religion, la morale et la loyauté avaient des prédicateurs au-dedans des églises, l’esprit de sédition et l’immoralité avaient les leurs au dehors, souvent aux portes de ces mêmes églises, ou dans les salles publiques des presbytères.

Le progrès du désordre dans les campagnes et du délire dans les journaux révolutionnaires, était dû, sans doute, en grande partie, à la crainte que l’influence du clergé ne fit avorter des desseins qu’on ne prenait plus la peine de cacher : aussi travaillait-on à paralyser cette influence, dans les assemblées qui eurent lieu ensuite. On oublia pourtant de le faire, à l’assemblée « anti-coercitive » du comté de Laprairie, tenue à Saint-Constant, le 6 août, et où figurèrent principalement deux de nos futurs généraux d’armée, T. S. Brown et Amury Girod, et le Dr. André Lacroix. On y résolut aussi bravement que « fermement, »

« Que, dans les circonstances présentes, les habitans de ce comté déclarent et jurent solennellement que, vu la conduite infâme du pouvoir envers ce pays, ils verront avec plaisir l’occasion qui leur donnerait les moyens de secouer le joug tyrannique qui pèse sur eux et que, s’ils prennent les armes, ce ne sera pas pour conserver au gouvernement un pouce de terre dans l’Amérique ;

« Que le peuple de ce pays a considéré, dès son arrivée, la soi-disant commission royale d’enquête comme une bande d’espions, d’agens méprisables de corruption, et que ses rapports ont prouvé… qu’elle a poussé la fausseté et la stupidité au plus haut degré possible ;

« Que, quoique cédant, pour le moment au droit ini-