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guerre ouverte, pour la même raison qui nous a fait combattre lord Aylmer, et nos hostilités ne cesserons jamais que nous ne l’ayons chassé du pays. Mais, hélas ! à quoi bon cette opposition ? Gosford serait remplacé par quelque autre lord muni d’instructions semblables aux siennes ; de sorte que notre unique espérance est d’élire nous-mêmes notre gouverneur, en d’autres termes, de cesser d’appartenir à l’empire britannique. » Sur quoi, le Canadien s’écrie en vrai prophète : « Courage, amis, courage ! encore quelque temps de cette belle politique, et le parti oligarchique n’aura plus qu’à vous voter une médaille ou couronne civique. » Si cette « belle politique » ne mérita aux « amis » du Canadien, ni couronne ni médaille, elle réjouit le cœur de l’objet de ses grands et fréquents éloges passés, de M. W. L. Mackenzie, qui, dans une espèce d’extase prévisionnelle, s’écrie : « Tous les yeux sont tournés sur les braves et courageux patriotes du Bas-Canada. »

Si le gouvernement était trop faible et trop inerte pour tenter de réprimer autrement que par des exhortations, une presse qui allait jusqu’à exciter les militaires à déserter leurs drapeaux pour passer à l’étranger, et à publier pour le peuple des plans d’insurrection et de chouannerie, il crut pouvoir au moins punir par la destitution ceux des agitateurs qui tenaient de lui des charges honorifiques.

Le premier sur qui tomba l’animadversion du gouverneur fût le lieutenant-colonel Ignace Raizenne qui avait figuré éminemment à l’assemblée anti-coercitive du comté des Deux-Montagnes, et ensuite refusé de se conformer à l’ordre général du 21 juin. Une longue lettre en réponse à une demande d’explication n’ayant pas paru satisfaisante, l’ordre général suivant fût publié sur la date du 3 juillet :