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droit à elle, il en est cent mille qui reculeraient peut-être, s’ils comprenaint tout d’un coup le but où on les conduit. Or, ces cent mille, c’est la foule, c’est la masse, dont un jour le poids fera pencher la balance en faveur de la liberté, mais à laquelle il est bon de cacher la longueur de la route, l’immensité de l’œuvre qu’on veut lui faire entreprendre ; c’est elle qu’il faut tromper par des protestations de dévouement, afin de lui laisser l’espérance d’un accommodement, dont la réalisation n’arrivant jamais, ne servira qu’à l’irriter encore plus, et cela doit se faire ainsi jusqu’à ce qu’on ait amené cette foule irritée à n’avoir à résoudre qu’une seule question, to be, or not to be.

Comme pour venir en aide au but de la correspondance qu’il publiait « avec avidité, » le Vindicator comptant, en apparence, sur l’impunité, ne se fit pas scrupule d’exciter les soldats à la désertion, et son numéro du 14 juillet le montra entrant dans cette carrière de lâcheté, et d’iniquité et il s’y distingua tellement, de toutes manières, qu’il fâcha grandement le Canadien qui, finalement, trouva dans ce journal des expressions propres à corrompre le goût, si elles n’inspiraient pas le plus profond dégoût, un dévergondage d’idées et de sentimens qu’on ne s’attendrait pas à trouver dans une maison de maniaques ; il n’y voyait plus que de la « fougue, » des « écarts, » des « injures gratuites, le produit d’une imagination délirante, de l’extrême violence, de l’extrême imprudence, de l’extrême intolérance, de la tyrannie. » Enfin, il ne put s’empêcher de dire « qu’il y avait, à Montréal, des gens payés pour ruiner le parti qu’ils faisaient semblant de défendre. » C’était, en effet, de Montréal qu’était parti ce qui, de Londres, revint trouver place dans La Minerve, savoir : « Nous lui déclarons une