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le journal officiel de M. Papineau, d’intelligence avec L. M. N., ajoutait le poids de son autorité à tout ce que disait le correspondant de Montréal, et le vantait aux habitans des États-Unis, comme devant leur donner enfin des idées exactes sur le Canada. On a vu de plus, avec quel empressement La Minerve à l’exemple du Vindicator, (dont elle n’est, pour ainsi dire, que la version française,) recueillait tous les articles dans le même sens qu’elle trouvait dans les journaux américains, et les présentaient à ses lecteurs comme une preuve que nos voisins avaient « les yeux ouverts sur nous, » et n’attendaient qu’un signal pour voler à notre secours. On peut se rappeler quelles bordées d’injures nous nous sommes attirées, en signalant l’existence de ce complot bien avant qu’il fût question de la mesure ministérielle, dont on est bien aise aujourd’hui de se faire un prétexte pour avouer hautement des projets criminels conçus depuis longtems,[1] auxquels on a voulu lier le peuple en 1834, en l’engageant à souscrire à des résolutions dont il ne comprenait pas la portée ; auxquels on a voulu lier ses représentans, en 1836, en les engageant à déclarer solennellement qu’ils ajournaient leurs délibérations, jusqu’à ce qu’on leur eût accordé l’impossible, et auxquels on veut, aujourd’hui, lier, d’une manière inséparable, et le peuple et ses représentans, en les engageant à se compromettre par une résistance ouverte à une mesure qu’on a prévue, qu’on aurait pu détourner, et qu’on a volontairement rendue inévitable.

« À Dieu ne plaise que nous rendions complices de ces projets tous les signataires des 92 résolutions. Loin de là, nous croyons que la plupart d’entre eux, animés des sentimens du plus pur patriotisme, et entraî-

  1. Voir la lettre de M. Joseph Howe à M. E. B. O’Callaghan.