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dans l’embarras sur le choix des expressions propres à le décrire, et conséquemment de nous disposer d’en entreprendre la description.[1] À une assemblée tenue le même jour, à Saint-Hyacinthe, on ne parla pas de contrebande, mais on recommanda la formation d’une « association permanente, » dont les membres devaient être sensés avoir acquis un titre incontestable à la confiance et à l’intimité des vrais amis du pays, » et la création du fonds patriotique qui, en reconnaissance des services de l’habile et constant défenseur de la cause canadienne devrait être appelé le tribut Papineau. »

Le même jour, au comté de Chambly, on résolut, « Que c’est avec le plus grand mépris que l’on a vu les résolutions présentées à la chambre des communes, d’Angleterre, par lesquelles on se propose de payer et récompenser les auteurs de notre mauvaise administration coloniale[2]

Le 11, au comté de Terrebonne, on résolut :

3°. « Qu’après une expérience de plus de quarante années de souffrances sans nombre… le pays n’a vu et

  1. Entre autres journalistes le rédacteur du Populaire en témoigne ainsi son dégoût et son indignation : « C’est avec le sentiment du dégoût le plus prononcé que nous avons lu dans La Minerve le récit du soidisant triomphe remporté par M. Papineau, dans la saturnale qui eût lieu à Sainte-Scholastique, jeudi dernier. Nous avons reculé devant l’idée de consigner dans les annales du Canada des actes qui doivent flétrir jusque dans la postérité la plus reculée, les folies impardonnables qu’on tente de faire passer pour du patriotisme… Honte ! à jamais honte, sur la réforme, si elle ne s’annonce qu’avec des paroles de sang et des pensées de sacrilège social… Si de semblables manifestations étaient tolérées, encouragées, secondées chez nous, elles auraient pour conclusion infaillible de traîner le patriotisme dans la boue, de déshonorer la plus sainte des causes, et de rendre les Canadiens la fable comme l’exécration des autres nations. »
  2. Il paraîtrait par ces expressions, qu’il était entendu par ces résolutionnaires, ou par le rédacteur de ces résolutions, que la chambre d’assemblée retenait les salaires des fonctionnaires publics, non pas comme elle l’avait donné à entendre, pour forcer le gouvernement et le parlement d’Angleterre à faire ce qu’elle désirait, mais parce qu’elle ne voulait pas qu’ils fussent payés, destinant l’argent qui leur était dû à d’autres fins.