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DU CANADA.

de la déception, de la démoralisation du peuple et de la démence. Le Vindicator débuta, le 21 avril, par ce qu’on pouvait appeler avec vérité un « libelle faux, malicieux et scandaleux, » attentatoire, non-seulement à l’autorité du parlement impérial, mais encore à la morale publique et à la sûreté de l’état. La Minerve dit follement dans son numéro du 24, que « le peuple (qui devait plutôt gagner que perdre, à la cessation de la détention injuste et prolongée du bien d’autrui,) est pressuré, foulé aux pieds, pillé ; et elle ajoute « qu’il faut de l’agitation, du mouvement, pour faire face à l’orage. » Quelquefois les articles communiqués surpassent en démence et en cynisme les délirantes élucubrations des rédacteurs.

Un particulier ôsa écrire, à la date du 22 avril, et La Minerve ôsa publier, dans son numéro du 27 : « Les objets que nous ne pouvons fabriquer ici, l’ami Jonathan nous les fournira, pour cela, donnons la main au contrebandier : désormais, c’est un brave que chacun de nous encouragera. Il faut former à son métier une vigoureuse jeunesse, bien organisée et déterminée. C’est en grand qu’il faut faire la contrebande. Plus de ménagement, ni de temporisation. À de grands maux de grands remèdes. Il faut tarir la source du revenu. Les coffres se videront, les voleurs n’y trouveront plus rien. Alors, l’Angleterre entendra raison. Jamais lutte n’aura été plus juste. Nous avons retenu les subsides ; on nous ôte ce moyen, on nous met dans la nécessité d’en chercher de plus efficaces. »

Dans le numéro du 18 mai, parut une longue diatribe d’un Publicola, qui est à l’illustre romain de ce nom ce qu’est un démagogue forcené et poissard à un véritable patriote, et, dans celui du 22, un détail des procédés et discours des « industriels » de Londres,