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Comme tous ses confrères, il confond les canadiens en général avec la majorité de la chambre d’assemblée. Oubliant que depuis quatre ou cinq ans, cette majorité veut coercer tout le monde, et particulièrement le gouvernement et le parlement d’Angleterre, il appelle la détermination des ministres un acte de coercition. Lord John avait dit que les assemblées populaires commençaient ordinairement assez bien, mais finissaient toujours très mal ; qu’après s’être emparé de quelques griefs, elles voulaient la république :

« Les canadiens, dit M. Leader, ne désirent point établir une république, mais si leurs plaintes ne sont pas écoutées, il n’est pas improbable qu’ils ne se jettent entre les bras des États-Unis. À quoi tendent les propositions ? Principalement à enlever à l’assemblée son contrôle sur les finances, à mettre les finances sous le contrôle du gouvernement, et à taxer les canadiens sans le consentement de la puissance législative. Les canadiens ont, avec justice, refusé de payer quelques serviteurs publics, jusqu’à ce qu’il ait été fait droit à leurs plaintes, et cependant, le noble lord, se mettant en arrêt contre l’assemblée, se propose de payer les arrérages ! Un tel procédé n’est-il pas inconstitutionnel, arbitraire et nouveau dans la taxation des colonies ? Pour donner la paix et l’harmonie aux canadiens, vous proposez de conserver intacte la partie de leur constitution qu’ils détestent et qu’ils méprisent et de détruire toutes les parties de cette constitution qu’ils respectent. Le résultat des résolutions sera, je le crains, de pousser les canadiens au désespoir. Les canadiens ont exprimé leurs sentimens d’une manière constitutionnelle ; ils ont demandé par leur assemblée législative, l’introduction du principe électif dans le conseil… Je puis assurer que dans peu, il sera impossible à un gouvernement