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que des tyrans, qui n’avaient à l’égard de cette colonie que des sentimens de malveillance. Voilà ce qu’on pourrait appeler une exagération réelle. Mais l’honorable orateur a-t-il oublié, et ceux qui ont fait écho à ces développemens ne se rappellent-ils déjà plus, qu’il n’y a que peu d’années encore, tout le pays en masse a déclaré son attachement à cet acte constitutionnel ; que dans des requêtes que signèrent 87,000 habitans, il était dit que ces habitans étaient satisfaits de cette loi et qu’ils n’y voulaient absolument aucun changement quelconque… il est vrai, et je l’avoue avec l’honorable membre, que le pays était alors sur la défensive… mais je ne saurais concourir entièrement avec lui, que ceux qui nous l’ont donné eussent d’avance calculé d’en faire pour nous un instrument de tyrannie, d’oppression et d’esclavage… Il est impossible que depuis trois ans les habitans du pays aient entièrement changé d’opinion sur un sujet de cette importance[1], et en votant avec la moindre précipitation sur cette mesure, je craindrais de forfaire à mon devoir, et d’encourir le désaveu de mes constituans[2]. Ne devons-nous pas appréhender qu’il ne résulte beaucoup de maux de l’innovation proposée ? Quelqu’un ôserait--

  1. Rien ne démontre, ne donne même lieu de soupçonner, que le peuple ait changé d’opinion, depuis 1822, ou 1827, sur un sujet qui l’intéresse aussi grandement, et dont il a dû s’occuper depuis si longtems. Et quelle serait, en effet, la cause d’un changement si prompt et si général ? La composition du conseil législatif ? Mais, comme l’a dit un des membres de la chambre, « la composition du conseil législatif est maintenant ce qu’elle était alors, à l’exception de deux ou trois individus, qui, assurément, ne le rendent pas pire ». Le conseil législatif est beaucoup mieux composé qu’il ne l’était alors, quoiqu’il ne le soit pas aussi bien qu’il pourrait l’être, et qu’il le sera sans doute, par la suite. » — L’Observateur.
  2. En effet, la tentative révolutionnaire de MM. Bourdages, Papineau, Cuvillier et Lee était faite spontanément, sans opinion émise au dehors, sans vœu exprimé par le peuple, ni bien ni mal conseillé alors, si ce n’est indirectement, par les diatribes prononcées dans l’assemblée.