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DU CANADA.

« Le Bas-Canada, avec une assemblée élective et un conseil électif, ressemblerait d’assez près aux états indépendants qui l’avoisinent… Nous ne sommes pas préparés à dire jusqu’où un tel état de choses serait nécessairement, et par sa nature, incompatible avec un bon gouvernement dans une colonie habitée par un peuple homogène et non divisé. Il nous suffit de remarquer que telle n’est pas malheureusement, dans le Bas-Canada, la condition du peuple.

« Loin de nous de vouloir donner à entendre que poux qui demandent maintenant un conseil électif dans cette province, visent à s’affranchir de la dépendance de la métropole, mais ils ne peuvent, raisonnablement, chercher à posséder tout ce qu’il y a d’autorité dans le pays, et nous pensons que ce serait le résultat immanquable de la mesure sous considération ; car il nous paraît qu’il serait impossible d’établir un mode d’élection équitable et impartial, d’après lequel la grande majorité d’un conseil élu par les habitans du Bas-Canada pût être autre que du parti qui domine dans l’assemblée. C’est là précisément ce que redoutent ceux des habitans de la province qui sont opposés à un conseil électif.

« Le changement qu’on demande à cet égard est réprouvé de la manière la plus énergique et la plus solennelle, par la presque totalité de la classe commerciale de la population, et par la très grande majorité des personnes de descendance britannique directe. Si l’on augmentait et consolidait les pouvoirs de l’assemblée, en tirant la seconde branche de la législature de la même source, il y a dans la province un corps nombreux d’hommes dont les écrits et les déclarations montrent qu’il n’y a point d’injustice et d’oppression auxquelles ils ne se croiraient exposés.