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DU CANADA.

42 contre 31, comme la motion précédente d’ajournement. Il proposa ensuite de voter les subsides pour un an, sans parler des arrérages, et cette proposition fût encore négativée.

Cette détermination n’amena pas la prorogation immédiate du parlement ; la chambre pût continuer à considérer en comité général l’état de la province, et M. Papineau pût dire, à l’occasion du projet d’adresse au roi présenté par M. Morin, qu’on avait inventé un nouveau plan de délai, en nous envoyant cette commission d’enquête avec des intentions qui faisaient rougir de honte chaque honnête anglais pour ceux auxquels étaient confiées les destinées des colons britanniques ; que l’auteur de ces instructions et ceux qui étaient envoyés pour les mettre à exécution étaient également indignes de l’estime du peuple,[1] et ajouter à cela d’autres incongruités qui indignèrent particulièrement M. Power, sans pourtant l’empêcher d’exprimer son indignation avec une modération qui contrastait singulièrement avec la violence qui l’avait excitée. « Je ne puis vraiment pas voir, dit-il, en quoi les instructions

    ceinte, mais pour voter d’après nos convictions, et dans le sens que nous croyons avantageux a nos constituans… Je parle ici devant les miens ; qu’ils m’approuvent ou non, je ne recourrai pas au vil moyen d’exciter les préjugés, d’exciter les passions contre mes adversaires, croyant faire mon devoir, je me suis mis avec courage au-dessus des criailleries. » †

    † « La conduite de certains honorables membres de la minorité ne manquera pas sans doute d’être notée, pour s’en rappeler en temps et lieu ; car le peuple, un jour sera appelé à se prononcer sur ces procédés. » — La Minerve.

  1. « Nous sommes loin de prétendre qu’il ne se trouve dans les rangs du peuple des ambitieux, de misérables égoïstes, qui méritent le blâme des historiens impartisans et la haine de leurs contemporains. Quelle est la nation, même la plus paisible, qui ne renferme pas dans son sein un nombre plus ou moins grand de ces artisans de désordres ? Ce sont les peuples en masse qui sont innocens des crimes qu’on leur impute… Quant aux hommes qui les agitent, qui les poussent à la fureur, ils sont également coupables, qu’ils soient nés dans leurs rangs, dans ceux de l’aristocratie, ou sur le trône. » — M. Sauquaire-Souligni.