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les juges des cours supérieures du Bas-Canada indépendants, tant de la couronne pour la possession de leurs charges, que des représentans du peuple pour leurs émolumens annuels…[1] Il est pleinement reconnu que les juges devraient tenir leurs charges, non pas durant le plaisir du roi, mais durant bonne conduite, et que leurs salaires devraient être payés, non pas suivant le plaisir de la branche populaire de la législature, mais au moyen de fonds suffisants destinés irrévocablement à cet objet. La sollicitude que sa Majesté doit avoir pour le bien être du peuple du Bas-Canada semble s’opposer à l’abandon des revenus de la couronne à la disposition de la législature à moins que celle-ci n’accorde une liste civile suffisante pour le soutien du gouvernement… Des difficultés continuelles entre la chambre d’assemblée et le pouvoir exécutif, au sujet des émolumens des principaux officiers de la couronne, ne feraient qu’avilir le caractère de ces officiers, et particulièrement du gouverneur, à qui les prérogatives de la couronne ont été déléguées. La tendance de ces difficultés aurait inévitablement l’effet de faire perdre à ces fonctionnaires l’estime publique, et de les faire regarder comme des pensionnaires dépendant de la libéralité tardive des représentans du peuple, tandis que le bien commun de la société exige évidemment qu’ils soient respectés comme ministres du roi, qui, quoique soumis à une juste responsabilité, doivent exercer avec liberté et indépendance les pouvoirs qui leur ont été confiés pour l’avantage du public. L’agitation continuelle d’une question si susceptible d’être envisagée sous un jour odieux, est à peine compatible avec la marche calme

  1. « Il faut non-seulement que les juges dépendent du peuple, mais qu’ils sentent qu’ils dépendent du peuple, » (c’est-à-dire, de la chambre d’assemblée.) — M. Papineau.