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tout entière, il faut qu’il la remplisse fidèlement, à peine d’être qualifié à bon droit de prévaricateur.

Mais les circonstances permettent-elles de publier une histoire contemporaine ? Pouvait-on même écrire sitôt une histoire ? Oui, si l’on avait « la conscience de quelque impartialité », si l’on n’a pas été acteur dans le drame, si l’on a pu demeurer étranger aux passions, et surtout aux actes de partis extrêmes. « Les partis n’ont point encore parlé, du moins historiquement ; parlons donc avant eux ; décréditons d’avance les relations de la haine, de l’esprit de parti et de vengeance. » Il s’élève une génération qui nous demande compte de l’état présent des choses, ou des changemens survenus dans notre situation politique : n’aura-t-on à lui offrir que les gazettes, ou partiales, ou virulentes, ou licencieuses de l’époque ? La jeunesse n’y pourrait guère puiser que des idées erronées, des opinions exagérées, une éducation politique déplorable. « Réserver cette histoire pour un autre temps serait une injure pour la génération actuelle. » (Lacretelle)

« Au reste nous entendons que dans nos écrits chacun ne puisse être jugé que d’après lui-même, par ses propres opinions, par ses propres actes, de sorte que sans rien celer de ce que doit contenir cette histoire, l’historien ne soit pas accusé de prononcer avec malveillance, ou de se livrer à des personnalités inutiles et étrangères à l’instruction que l’on doit au public. » (Durand de Maillane).

« Comme historien, nous devons à nos lecteurs la vérité tout entière, quelles que soient les réputations qu’elle puisse blesser… Nous nous croirons suffisamment récompensés de nos peines, si, en nous lisant, on demeure convaincu qu’aucune passion particulière n’a dicté ni influencé notre récit. » (Durand de Maillane).