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DU CANADA.

En suivant jour par jour ces procédés, on ne pourrait qu’ennuyer et fatiguer le lecteur. Pour éviter cet inconvénient, nous ne voyons d’autre moyen que de suivre tantôt les hommes, et tantôt les mesures, sans trop nous astreindre à l’ordre chronologique.

Par la mort de M. Louis Bourdages, la chambre d’assemblée avait perdu le plus vigilant et le plus scrupuleux gardien de ses privilèges réels et imaginaires ; mais elle avait acquis dans l’irlandais élu d’emblée au comté d’Yamaska, le plus ardent vengeur de sa dignité, de sa toute-puissance, de son omniscience et de son infaillibilité. Nommé président du comité des griefs, il ne se contenta pas d’examiner le présent et de pourvoir pour l’avenir ; il scruta minutieusement le passé, avec ses collègues, et eût à signer des rapports, dont plusieurs ne peuvent être regardés que comme des libelles diffamatoires et inflammatoires. Une de ses premières réminiscences fût une requête présentée par les juges au ci-devant gouverneur, pour se plaindre de ce qu’ils étaient rendus dépendants de la chambre d’assemblée, et demander à ne dépendre que du gouvernement pour leurs émolumens, etc. Cette requête qui, suivant lui, avait excité la surprise et l’indignation du public, il en veut demander copie au gouverneur, et quoique ce soit là son seul but, en apparence, il ne s’en croit pas moins autorisé à s’écarter de son sujet, pour invectiver furieusement contre lord Aylmer, « l’homme à qui on ne pouvait se fier, qui ne faisait des promesses que pour les violer, » et qui, au lieu de dire aux juges de s’abstenir de faire, des remarques sur la chambre, accueille favorablement leur requête, et l’accompagne d’observations à eux favorables ; qui, durant la maladie du juge en chef, dans la dernière