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DU CANADA.

Déjà, dans quelques comtés, il y avait eu des assemblées où l’on avait donné à entendre que les « Bretons » ne s’organisaient probablement que dans le dessein d’attaquer et de massacrer les « patriotes » et qu’il fallait, en conséquence, se tenir prêt à voler au secours de ces derniers.

Un correspondant de La Minerve, qui dans quelques parties de sa production, donne lui-même l’exemple d’une licence poussée jusqu’à l’incendiarisme, décrit ainsi avec vérité l’état des choses sous ce rapport :

« Si l’on examine d’un œil attentif l’état actuel de la presse en Canada, on aura peine à croire que nous vivions dans un pays civilisé. On le dirait plongé dans un état complet d’anarchie et de révolte. À dire vrai, nous n’en sommes pas bien loin… Les honnêtes gens qui ont à cœur l’état de leur pays, déplorent vivement cet état de choses, et gémissent de voir ainsi tant de journaux entre les mains d’intrigans sans noms, sans responsabilité aucune, que le moindre revers ferait fuir au-delà des lignes. Depuis quelque temps surtout, rien n’est respecté, ni le caractère privé des citoyens, même des plus respectables, ni le secret des familles. Plusieurs ont été en butte aux plus infâmes délations… Les liaisons de la plus sainte amitié ont été traduites devant le public, sous les couleurs les plus odieuses, et l’on a fait des affaires les plus importantes un thème de brutales plaisanteries. On fait des bouffonneries de tout. Les mensonges les plus éhontés sont à l’ordre du jour. »…

Il y avait déjà longtems que la presse licencieuse ôtait au pays l’apparence de la civilisation, mais c’était surtout depuis que « le radicalisme était à l’ordre du jour, et qu’à son dire, il allait triompher partout, grâce