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DU CANADA.

semblaient devenir furieux, à la vue des obstacles opposés à l’accomplissement immédiat de leurs desseins, et les constitutionnels s’impatienter, sinon se désespérer, en voyant, ou croyant voir la carrière révolutionnaire laissée libre à leurs antagonistes. Les citoyens paisibles gémissaient des emportemens et des menaces de violence auxquelles on se livrait, de part et d’autre ; la population des campagnes, presque continuellement travaillée et agitée, depuis un nombre d’années, ne savait plus que penser de ce qu’elle voyait ou entendait dire ; une irritation presque incessante, une accablante anxiété, de sinistres présages, s’étaient emparés de tous les esprits, et sans doute, ceux même qui croyaient avoir tout à gagner à un bouleversement, n’étaient pas exempts de doutes inquiétants et d’appréhensions sérieuses.

Ce fût dans ces tristes conjonctures qu’arriva le nouveau gouverneur, sur la frégate, La Pique, le 23 août, 1835, accompagné des deux autres commissaires, sir Charles Edward Gray, et sir George Gipps. Lord Aylmer ne partit de Québec qu’un mois après l’arrivée de son successeur.[1]

Si, en arrivant, les commissaires royaux s’amusèrent à lire les journaux politiques, ils durent se former, une

  1. « Son Excellence, lord Aylmer, et un nombreux état-major s’étaient transportés sur le quai du roi, à cheval et en carosse. MM. les membres de la commission furent reçus dans le carosse de Son Excellence. » — Gazette de Québec.

    « Nos bureaucrates sont bien mécontents de lord Gosford. Il paraît qu’il n’est demeuré que trois quarts d’heure au bal donné au seigneur de Balrath… Lord Aylmer est parti de sa résidence à cheval. En passant devant le château, il s’arrêta quelques secondes pour attendre lord Gosford, dont le carosse, attelé de quatre chevaux, était à la porte ; ce dernier ne venant pas, lord Aylmer a continué son chemin avec sa suite. Il n’était pas rendu à l’hôtel de l’Union, qu’on est venu donner ordre au cocher de mener les chevaux à l’écurie. Tout ce temps, lord Gosford le passait à s’amuser dans son jardin, à regarder avec sa longue-vue la Pique, qui levait l’ancre. » — Correspondance de La Minerve.