Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou fauteurs des deux partis opposés, puis des luttes, ou plutôt des assauts et batteries, entre plusieurs centaines d’hommes du guet, armés par la corporation, et la population irlandaise des faubourgs ; et cette dernière, armée de pierres et de bâtons, parut parfois comme maîtresse de la ville. Dans cet état de choses, l’officier-rapporteur ne pouvant, ou prétendant ne pouvoir continuer l’élection sans risques pour sa vie, prit sur lui de déclarer élus ceux des candidats qui alors avaient le plus grand nombre de votes, c’est-à-dire, MM. Papineau et Neilson. MM. Walker et Donnellan protestèrent, et s’adressèrent, mais en vain, au gouverneur, pour faire annuler le rapport, et une douzaine de jours plus tard, M. Papineau put lancer triomphalement dans le public, contre une infinité de choses et de personnes, à commencer par le gouverneur, et dans un langage qui justifiait de reste les expressions de son Excellence, en une occasion précédente[1], la philippique la plus furieuse qui ait jamais étonné des lecteurs canadiens, ou indigné des journalistes anglais, même radicaux, ou niveleurs, et conséquemment accoutumés à dire eux-mêmes de très gros mots[2] ; malheureux modèle offert aux jeunes rédacteurs, ou correspondans de gazettes, qui, dans l’impuissance d’accumuler assez de termes injurieux pour exprimer toute la haine qui leur avait été inspirée contre le gouverneur et le gouvernement, appelaient quelquefois à l’aide du langage des symboles

  1. « Mon caractère, ma conduite publique ont été affaiblis de toutes parts, et avec toutes les variétés de l’insulte que le langage peut comporter, depuis la basse et vulgaire impertinence jusqu’à l’invective la plus grossière et la plus virulente. »
  2. Particulièrement le London Morning Advertiser.