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n’en aurait dû posséder, dans les circonstances[1]. Les élections se firent dans un sens si préjudiciable à la tranquillité et à la dignité de la ville, qu’il se trouva une majorité de conseillers pour élire le sieur Mackenzie pour leur chef, sous le nom de maire. Si cette dignité nouvelle et, sans doute inattendue, le tranquillisa un peu, elle ne le rendit ni moins indiscret ni moins vaniteux. Il venait de recevoir de son ami et protecteur, Joseph Hume, une lettre qui, dans d’autres temps, ou d’autres circonstances, eût pu assujétir son auteur à une poursuite criminelle. Il ne put résister à la tentation de la publier, et elle parut dans son Advocate, au grand scandale de toute la population loyale[2], et au grand regret de ceux qui, sous le nom de réformistes, ne voulaient que la réforme des abus, et non une révolution[3].

Le conseil de ville s’assembla, et M. Gurnett, secondé par M. Dennison, fit motion : « Qu’attendu qu’il a été publié une certaine lettre signée Joseph Hume, exprimant l’opinion qu’une crise approche rapide-

  1. « Nous avons lu avec attention cet acte d’incorporation, il donne au conseil de ville de Toronto une foule de pouvoirs que n’ont point nos corporations… Si, comme on a raison de le croire, le parti populaire s’empare des pouvoirs accordés par cet acte, on pourra dire aux ministériels : Sic vos non vobis. » — La Minerve.
  2. « Sa Seigneurie, le maire, ayant pleinement exposé les desseins de sa faction, en publiant les parties de la lettre de M. Hume que le sens commun aurait conseillé à tout autre individu de tenir secrètes, à cet état peu avancé de la conspiration, les misérables conspirateurs se trouvent dépouillés de tout prétexte couvert pour l’agitation, et avouent ouvertement leur intention de délivrer le Canada de ce qu’il leur plaît d’appeler la pernicieuse domination de la métropole. Ceux qui, jusqu’à présent avaient admiré Mackenzie… ont été jetés dans le plus grand étonnement… Qu’on le dise à leur honneur, ils n’ont pas tardé un moment à manifester leur horreur des traîtres qui les ont trompés. » — Toronto Patriot.
  3. Si une séparation est le désir de M. Hume, ou de quelques individus d’entre nous, nous pouvons assurer M. Hume et ces individus qu’un vœu de cette sorte n’existe point dans les esprits des réformistes du Haut-Canada. — Cobourg Reformer.