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« Messieurs de la chambre d’assemblée : Vos procédés récents me dispensent de vous rien dire, en cette occasion, au sujet de la communication, qu’en obéissance aux ordres de sa Majesté, j’ai dû vous faire, à l’ouverture de la session, concernant les difficultés financières du gouvernement local, occasionnées par la perte du bill de subsides de l’année dernière. Ce sujet, ainsi que d’autres, ayant rapport aux affaires de la province, a été ôté des mains du gouvernement de sa Majesté par votre appel au parlement impérial. Aux décisions de cette autorité suprême toutes les parties intéressées doivent une obéissance implicite.

« Mais, en attendant, je ne puis m’empêcher de faire quelques observations sur le langage des 92 résolutions sur lesquelles est fondé votre appel au parlement impérial, car il s’éloigne tellement de la modération et de l’urbanité, si bien connues du caractère canadien, que ceux qui ne connaîtraient point l’état réel de la province, auraient de la peine à se persuader que ce langage ne doive pas être attribué à une fermentation extraordinaire et générale dans l’esprit du peuple. Je profite donc de cette occasion pour énoncer distinctement, et je dois appeler votre attention particulière sur ce fait, que quels que soient les sentimens qui ont prévalu dans l’enceinte de la chambre d’assemblée, lorsque vos 92 résolutions ont été adoptées, tout le peuple, hors de cette enceinte, jouissait, dans ce moment même, de la tranquillité la plus profonde, et je compte avec trop d’assurance sur son bon sens, pour croire qu’il souffrira que sa tranquillité soit troublée par les manœuvres qui vont évidemment être mises en jeu à cet effet. Ce sera, je crois, une tâche un peu difficile que de persuader tout un peuple de l’existence de maux qu’aucun individu de la société ne ressent en ce qui le concerne personnellement.