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que celui-ci se battait avec des moulins qu’il trouvait tout faits, au lieu que le premier les fait et les combat. Ces moulins de l’honorable orateur, c’est le conseil législatif, recomposé tel qu’il est aujourd’hui, des actes duquel il forme une foule immense de maux, qu’il attribue toujours à ceux qui ne sont pas de son opinion. Les Canadiens ne sont pas les seuls dans le pays, si l’on restreint ce nom à ceux qui sont d’origine française. C’est une idée de distinction qui n’entre pas même dans la tête des habitans de nos paisibles campagnes. C’est une idée de trouble et de dissention, qui n’est née que dans cette chambre ; et les conséquences funestes qui en résulteront, nous vivrons assez pour les attribuer à l’orateur. Quant à la constitution, je conviens qu’il faut une réforme, mais sans précipitation, sans l’étourderie de la jeunesse, avec réflexion et prudence ; mais la suite de ces résolutions incendiaires sera qu’on en aura pas du tout. Nous avons entre les mains une dépêche que j’ai prédite, au sujet des résolutions de l’année dernière. Cette dépêche, nous dit-on, contient de dures menaces : qu’avons-nous fait, de notre côté, nous qui avons refusé ce que nous offrait le roi par la dépêche de lord Goderich ?… Dans un pays où l’on voit l’orateur d’une des branches en appeler si souvent aux passions, et où se trouve une majorité d’habitans d’origine française, si le conseil législatif était électif, qui est-ce qui représenterait nos co-sujets qui viennent d’Angleterre, et qui ont les mêmes droits que nous ? On aurait un conseil et une chambre qui seraient mus par les mêmes sentimens, par des sentimens comme ceux qui ont déjà été énoncés. Quelle confiance pourrait avoir une partie considérable de la population dans deux