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de ceux qui ne veulent pas entendre les plaintes du pays[1].

« 91ème. Résolu. Que les dépenses justes et raisonnables des dits comités de correspondance, en exécution des pouvoirs que leur confie cette chambre, sont une dette qu’elle contracte avec eux, et que les représentans du peuple sont liés d’honneur à employer tous les moyens constitutionnels, pour les rembourser, à cet égard, ainsi que ceux qui leur feront des avances pour les fins énumérées ci-dessus. »

« 92ème. Résolu. Que le message de son Excellence, le gouverneur en chef, reçu le 13 janvier dernier, relatif au writ pour le comté de Montréal, avec l’extrait d’une dépêche qui l’accompagne, le message du même, reçu le même jour, avec l’extrait d’une dépêche qui l’accompagne, soient biffés des journaux de cette chambre.

Tel est le résumé d’une œuvre dont on n’aurait pu trouver nulle part le pendant, l’eût-on cherché dans les annales de la plus grande démence révolutionnaire[2].

  1. M. Viger était mis là dans ce que les Anglais appellent an awkward predicament, aussi parut-on douter qu’il ôsât se montrer au bureau colonial ou ailleurs, après la réception de la requête bâsée sur les 92 résolutions, en envoyant M. Morin en Angleterre pour les soutenir.
  2. Les centum gravamina présentés à la diète de Worms, par une partie du peuple d’Allemagne, succombant sous le poids, et le nombre de ses griefs, ne leur sont pas comparables, du moins quant au délire et à la furie du style.

    Un ancien membre de la chambre d’assemblée, qui avait « signé de tout son cœur les 92 résolutions, en 1834, et qui aurait été prêt à les signer encore, en 1836 », si les circonstances avaient été les mêmes, nous demanda, en souriant, la dernière fois que nous eûmes le plaisir de le rencontrer, ce que nous dirions des 92 résolutions, et d’après la réponse que nous lui fîmes, il répliqua : « Que voulez-vous, quand l’esprit est malade ? »

    « Les résolutions sur l’état de la province renferment beaucoup de vérités et d’erreurs, avec beaucoup d’extravagance et de folies, mais à notre avis, ce qui les distingue le plus, c’est le ridicule… On autorise des conventions, et ce qui est plus étonnant, on menace du secours de l’étranger, et par ce fait, on appelle l’étranger contre l’état. Le mot « légèreté » du secrétaire colonial n’est plus le mot convenable. — Gazette de Québec.