Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le procureur-général et le solliciteur-général devaient encore se garder, même comme représentans du peuple, de l’esprit de parti et de faction, user d’assez de prudence, comme serviteurs du gouvernement, pour n’avoir pas l’air de compromettre, et c’est ce qu’ils n’avaient pas fait, à l’occasion d’une question passée de la presse périodique dans la chambre d’assemblée.

Fatigués de leurs difficultés continuelles avec le Bas-Canada, touchant le partage du revenu perçu au port de Québec, les Haut-Canadiens, ou une partie d’entre eux, parlaient, depuis quelque temps, de demander à la Grande-Bretagne un port d’entrée, où il pussent percevoir eux-mêmes leurs propres revenus. Mais bientôt ils poussèrent plus loin leurs prétentions et parlèrent de l’annexion de l’île de Montréal et du comté de Vaudreuil à leur province, comme d’une chose désirable et obtenable. Dans la discussion qui eût lieu en chambre, sur cette question, le 22 décembre 1832, MM. Boulton et Hagerman se montrèrent les plus ardents fauteurs de ce projet de spoliation, et parlèrent à la façon des hommes factieux ou de parti de tous les pays et de tous les temps, en s’adressant aux passions bien plus qu’à la raison, et cherchant à emporter tout d’emblée. « Il vaut mieux », dit M. Boulton, « voir d’un coup quels sont les membres qui sont amis du Haut-Canada, et ceux qui ne le sont pas… Je n’aime pas ces demi-amis, qui sont tantôt d’un côté, et tantôt de l’autre. M. Hagerman dit, qu’en entendant l’orateur (M. McLean), le membre pour Kent (M. Berczy), on ne croirait pas qu’ils sont citoyens du Haut-Canada. On a beaucoup parlé d’injustice, envers le Bas-Canada ; mais s’il y a de l’injustice, c’est l’acte propre de cette province ; s’ils avaient agi