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dans la position constitutionnelle et patriotique qu’il avait prise d’abord, s’opposant à tout ce qui lui paraissait s’écarter de la légalité et de la convenance parlementaire, de quelque côté que vînt le tort. On l’a déjà entendu plusieurs fois, dans cette session ; peut-être ne sera-t-on pas fâché de l’entendre encore une fois, caractérisant l’enquête sur le 21 mai, 1832, et l’éloquence de M. Papineau :

« Je saisirai cette occasion pour dire que, depuis le commencement jusqu’à la fin, j’ai cru que cette enquête n’était pas digne de ma présence, en voyant que des hommes téméraires et dangereux s’y étaient immiscés, et se laissaient emporter, comme on l’a vu souvent, aux passions haineuses et à l’esprit de parti. Je ne suivrai pas l’orateur dans ses longs discours, qui contiennent tant de déclamations et d’écarts, qu’il faudrait un fil pour le suivre, comme pour sortir du labyrinthe. Je ne suivrai pas cette enquête, parce que je l’ai vu conduite avec un degré de passion qui est… Je ne prononcerai pas le mot qui pend sur mes lèvres, pour la qualifier ; mais je dirai que c’est poluer la fontaine de la justice que d’essayer d’influer sur l’esprit des membres, en déclarant ouvertement que des gens sont coupables de meurtre volontaire, et cela, sans que ces gens subissent leur procès et aient l’occasion de se défendre. J’ai entendu faire l’éloge des talents oratoires de M. l’orateur, mais, à voir la manière dont ces talents sont pervertis, Dieu me garde de pareilles éloges. Je suis surpris de voir un homme, comme M. l’orateur, s’abandonner à des sentimens violents et passionnés. Je ne me plains pas de l’enquête ; je la désire même ; mais je me plains de la violence et de la partialité qui la souillent et la déshonorent. Bien loin que cette enquête puisse con-