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MM. Bourdages, Neilson[1], Morin, Lafontaine et Vanfelson. Un procédé non pas plus injuste, mais plus inconvenant eût lieu, dans la séance du 19. Les derniers paragraphes du discours de clôture de la session précédente avaient déplu à M. Bourdages, d’abord, et il ne put les oublier ensuite : aussi se hâta-t-il de proposer à la chambre de prendre en considération cette partie du discours du gouverneur, en accompagnant sa proposition d’un discours que nous nous dispenserons de qualifier[2].

Le lendemain, M. Papineau appuya la proposition de M. Bourdages par un discours tout plein d’injures contre le gouverneur, et son Excellence fût censurée par une majorité de la chambre.

La réponse à cette censure était toute prête, et fût donnée, le lendemain, dans un message, où, après avoir annoncé à la chambre, que le dernier bill de subsides avait été sanctionné, mais qu’il avait reçu ordre de ne pas donner la sanction royale, à l’avenir, à un bill semblablement conçu, le gouverneur « remar-

  1. « Il a voulu influencer les membres de cette chambre. » Si c’était là un délit, les membres influents de la chambre d’assemblée étaient des délinquants ; car ils ne cessaient de s’efforcer d’influer sur les autres membres, pour les faire voter dans leur sens.
  2. « Le gouverneur nous a censurés dans un endroit où nous n’avions rien à dire, il nous a censurés dans nos droits les plus sacrés… Il est du devoir de la chambre de répondre à une harangue destructive de ses droits et de ses priviléges… participerons-nous à un empiètement dangereux ?… Souffrirons-nous que cette chambre soit opprimée ? Sommes-nous sous la férule d’un gouverneur ?… Il a agi l’an dernier, comme un chef militaire censurant ses troupes ? Nous devons aviser au moyen de nous en débarrasser ; nous ne devons pas nous laisser censurer par un militaire qui n’a aucune connaissance des lois civiles. Il n’est pas extraordinaire que nous ayons rejeté la liste civile qui nous était demandée, nous en avions le droit. Le chef de l’exécutif nous traite comme des écoliers… Je parle sans cérémonie… Je sais que nous échangeons une censure contre une censure ; mais il faut qu’il l’endure puisqu’il l’a provoquée… C’est à nous qu’appartient de donner de l’argent il ne faut pas tant de cérémonie ; s’il ne lui plaît pas qu’il le laisse.