Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de surveillance et correspondance ». Non content d’avoir voulu restreindre la liberté des représentans de ce comté, on voulut, dans l’assemblée dont nous parlons, ôter virtuellement aux franc-tenanciers leur franchise élective, pour la transmettre au comité de surveillance, car il y fût « Résolu : Que, pour éviter les inconvéniens et les malheurs des élections contestées, le comité de surveillance et de correspondance soit tenu de s’assembler dans les quatre semaines qui précéderont toutes telles élections, afin de faire choix d’individus pour représenter le comté, dont les sentimens et la politique soient en harmonie avec les sentimens, la politique et l’intérêt général du comté ».

Le mal n’aurait peut-être pas été extrême, s’il avait été restreint au point de vue politique ; si dans ces assemblées, on s’en était tenu à d’incongrus projets d’innovation ; mais souvent les bâses de la société étaient ébranlées jusque dans leurs fondemens ; la civilisation était attaquée à sa source, la morale publique était renversée de fond en comble, par « un débordement de démagogie irritée, par un effroyable système de diffamation et d’intimidation ».

Parmi les « résolutions » qui inspirent, ou le dégoût par leur incongruité, ou l’horreur par leur atrocité, figurent, en première ligne, celles de la semblance d’assemblée, tenue à Chambly, le 1er juillet, au sujet « des meurtres commis le 21 mai, par la faction ennemie du pays ». Il y fût résolu :

« Que les individus formant cette assemblée ont appris avec horreur les machinations et les violences exercées à Montréal, par les ennemis du pays, contre les électeurs du quartier-ouest qui soutenaient D. Tracey, écuyer ; qu’ils n’ont pu entendre sans frémir le récit du carnage de la rue du Sang, excité et conduit