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suite, de la part des autorités, et cette croyance dut se changer chez eux en entière certitude, quand ils virent ceux qui, peut-être auraient dû être mis sur la défensive, prendre hardiment l’offensive. Le lendemain de l’émeute, le Dr . Tracey se rendit au lieu des suffrages pour recevoir des votes ; M. Bagg n’y alla que pour protester[1].

Déclaré élu, Daniel Tracey s’adressa à ceux qui étaient présents, et parla des meurtres de la veille. Les trois ou quatre jeunes gens, qui s’étaient montrés ses plus chauds partisans, parlèrent des « scènes dont cette ville venait d’être le théâtre », et invitèrent le public à assister aux funérailles des victimes, afin de témoigner l’horreur qu’on devait ressentir de cette boucherie, et à donner à l’enquête du coroner, (qui se faisait ou allait se faire), tous les renseignemens possibles, insinuant qu’on « pourrait s’adresser à eux », ou à d’autres pour cet effet.

Un de nos compatriotes, « avocat », s’écrie : « Peut-on se rappeler le mois de mai, 1832, sans être vivement affligé ? La licence de la presse ne fût-elle pas, en partie, la cause du tragique dénouement de cette élection, qui, pendant cinq semaines, fût toute de feu ? Oui, ce sont vos… doctrines qui ont fait fusiller ces trois victimes… quand on vous entend parler vertu et principes sur leurs cadavres, on recule d’effroi, et Meternich, dans Vienne, ne semble pas avoir assez

  1. « Vu que durant la dite élection, divers moyens illégaux ont été mis en œuvre, de la part de Daniel Tracey, en amenant en avant des individus qui n’étaient nullement qualifiés… et qu’il a particulièrement, à différentes fois, à l’aide de plusieurs de ses partisans employé des moyens propres à intimider les électeurs du dit Stanley Bagg, et à leur faire craindre d’aller au lieu des suffrages… qu’une telle intimidation a été exercée à différentes fois, et à un degré alarmant, tendant à détruire la paix et le bon ordre de la ville », &c.