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était temps qu’ils eussent un représentant de leur nation, et qu’il était très probable que ceux mêmes d’entre eux qui n’avaient pas le droit de voter, et pour qui la liberté des suffrages n’était pas ce qu’il fallait, se mêleraient activement de l’élection.

Effectivement, dès le premier jour, il y eût des querelles et rixes, comme il y en avait eu déjà, aux élections contestées, et dans ce même quartier, en 1827 ; mais bientôt, la populace irlandaise prit le dessus, devint intimidatrice, et il fallut changer le lieu de la votation, puis avoir des constables spéciaux, pour maintenir la paix. Mais la violence du candidat irlandais et de quelques-uns de ses partisans, la timidité et le défaut d’énergie de l’officier-rapporteur[1], rendirent, ou parurent rendre ces moyens insuffisants. Le 21 mai, la foule des partisans de M. Tracey fût, dès le matin, plus considérable qu’à l’ordinaire, et alla toujours croissante ; vers deux heures, il y eût, sur la place d’Armes, des assauts sur des constables, et un tumulte approchant d’une émeute. Les magistrats sous la charge desquels étaient les constables, voyant, ou croyant la force civile insuffisante pour rétablir et préserver la tranquillité, demandèrent le secours du militaire. La vue des troupes, qui furent tenues à quelque distance, loin d’appaiser la multitude, sembla la rendre plus déterminée à la violence, l’acte d’émeute, ou contre la sédition, fût lu par un juge de paix, mais à peu près inutilement, et l’élection fût

  1. « Montréal, 20 Mai 1832. Hier, n’ayant pas voulu soumettre une interprétation de la loi à la volonté de M. Tracey, et de ses partisans, il s’en est suivi du tumulte, et j’ai été bien près d’être assailli. M. Tracey lui-même m’a insulté comme officier public, m’a menacé de m’obliger par la force à faire sa volonté, ainsi qu’un irlandais qui a sauté dans la bâtisse où se tient le poll. Des motifs de prudence m’ont fait remettre à un autre tribunal la justice qui m’est due, comme officier public. »

    (Signé,) H. St. George Dupré, Officier-Rapporteur.