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M. de Saint-Luc, ayant été rejetté, le même conseiller proposa le suivant :

« Nous, les membres du conseil législatif, prenons la liberté de représenter à votre Excellence la reconnaissance que nous avons de la bonté paternelle de sa Majesté, dans la généreuse protection qu’elle a accordée au peuple de cette province, pendant les troubles qui ont agité la plus grande partie du continent de l’Amérique Septentrionale, et en même temps, nous prenons l’occasion de renouveller nos prières que votre Excellence veuille transmettre à sa Majesté nos sentimens du grand avantage qui est arrivé au peuple de la province, et à la sûreté et à la tranquillité d’icelle, par l’acte du parlement passé en sa faveur, dans la 14ème année de sa Majesté. La continuation de cette loi étant le résultat du sentiment de tolérance et de générosité qui distingue la nation britannique, sera le moyen de rendre le peuple ; de cette province indissolublement attaché à la mère-patrie, et de le rendre heureux, en jouissant de sa religion, de ses lois et de sa liberté. »

Le conseil législatif exprimait peut-être, dans cette adresse,[1] les sentimens de la majorité des Canadiens, quant au maintien de l’acte de 1774 ; mais ce statut ne les mettait pas en possession de la liberté politique ; et puis, si les égards et le respect dûs en tout temps au souverain, permettaient de le remercier d’avoir protégé ses sujets, quoique par le pacte social, il fût tenu de le faire, c’était une bien grosse adulation que d’attribuer à un esprit de tolérance et de générosité la conservation de la religion catholique en Canada. La préservation de cette religion avait été stipulée par la capitulation de Mont-réal, et confirmée par le traité de Fontainebleau ; or, « être fidèle à ses paroles et à ses sermens, c’est

  1. Qui a l’air d’être une traduction littérale de l’anglais.